Nos émotions influencent notre mémoire

Publié le 9 Juil, 2020
par Francois Benetin

émotions et mémoire

Nos émotions ont une influence considérable sur notre mémoire

Notre attention, nos perceptions, notre comportement et notre mémoire sont profondément influencés par nos émotions.

Nous réagissons chaque jour aux flots d’informations venant de notre environnement. Notre cerveau enregistre ces informations sensorielles. En réaction, il produit des comportements complexes ayant pour but de nous adapter et répondre le mieux possible aux diverses situations générées par ces informations.

Le système limbique est l’une des parties les plus anciennes de notre cerveau dans l’évolution de celui-ci, système intervenant dans nos émotions, la libération d’hormones, l’appétit, l’olfaction, les fonctions respiratoires et cardio vasculaires.

Les récentes recherches scientifiques, via l’imagerie cérébrale, ont mis en évidence que le système limbique, et plus particulièrement l’amygdale. Celle ci est considérée parfois comme notre cerveau émotionnel, et communique intensément avec les zones corticales, considérées comme notre cerveau cognitif, en charge entre autres des fonctions d’apprentissage.

Deux conclusions en découlent.

  • La première, c’est que le cerveau émotionnel n’est pas restreint au système limbique, mais est porté par un vaste réseau à travers tout le cerveau, dont les régions corticales.
  • La seconde, c’est que notre cerveau émotionnel et le système cognitif ne sont pas indépendants, mais interagissent en permanence.

Les systèmes émotionnels et cognitifs sont donc liés. Mais quel est la nature de lien ? Et comment nos émotions affectent-elles nos capacités cognitives ? ces questions sont à l’origine des « Sciences émotionnelles ». Depuis 2005, un centre national de compétences sur les émotions et autres processus affectifs est opérationnel à l’université de Genève.

Qu’est-ce qu’une émotion ?

S’il existe plusieurs modèles de l’émotion, tous considèrent qu’une émotion se manifeste à la suite d’un élément déclencheur : la peur face à une menace, une indignation face à une injustice, une joie provoquée par une victoire.

Le processus se déroule ainsi en deux temps :

1er temps : Nous évaluons ce que l’on appelle la pertinence de l’évènement déclencheur en fonction de son impact potentiel sur notre bien-être personnel.

2ème temps : Nous émettons une réponse émotionnelle dont les composantes peuvent être multiple :

  • Expression corporelle comme une transpiration ou une accélération du rythme cardiaque ;
  • Expression motrice comme un changement dans la voix, dans la posture ou dans l’expression du visage ;
  • Une tendance à l’action comme fuir, s’immobiliser ou se battre ;
  • Un ressenti conscient comme « J’ai eu peur. »

L’attention “émotionnelle”

Nos émotions provoquent ainsi une adaptation de notre comportement selon les situations. Elles influencent en particulier notre perception, notre attention, notre mémoire et nos décisions.

Plus l’émotion provoquée par un événement est intense, plus cet événement capte l’attention et mieux il est mémorisé. Cette attention dite « émotionnelle » a été découverte en 2005. Elle s’ajoute aux deux catégories d’attention que l’on distinguait auparavant : l’attention exogène et l’attention endogène.

  • L’attention exogène est une attention réflexe, provoquée par une réaction à une discontinuité venant de l’extérieur comme une explosion, un flash…
  • L’attention endogène est une attention volontaire. Si par exemple vous cherchez vos clés dans votre maison, votre cerveau va imposer à votre système visuel un filtre relatif aux couleurs et à la forme caractéristiques de vos clés.

Ces deux formes d’attention mobilisent des régions corticales de votre cerveau, pariétales pour le but de votre action : retrouver vos clés, frontales pour maintenir dans votre conscience une représentation interne de l’objet recherché.

Si l’on savait ou pressentait que l’émotion jouait un rôle dans les schémas de mémorisation sans en connaître les mécanismes fonctionnels cérébraux, la nouveauté depuis les années 1990 est dans l’identification du processus cérébral de cette mémorisation. Cela commence par les révélations données par l’imagerie cérébrale : la découverte des interactions entre les systèmes limbiques et cognitifs dans notre cerveau. Puis dans les années 2000, on met en évidence le rôle majeur de l’attention émotionnelle dans la mémorisation d’un événement.

Ces nouvelles connaissances ouvrent des pistes dans différents domaines : dans l’enseignement, on étudie comment l’exercice de l’intelligence émotionnelle et sa maîtrise pourrait améliorer la réussite scolaire des élèves en même temps sur leur bien-être ainsi que le climat scolaire (Programme Ruler de l’université de Yale aux Etats-Unis).

Elles ouvrent également des voies pour mieux comprendre l’anxiété et la dépression et mieux évaluer l’efficacité d’interventions thérapeutiques.

Les programmes mémoire Mens-Sana

Enfin, elles confirment la pertinence de certains apprentissages faisant partie des processus d’amélioration et de développement de la mémoire tels qu’ils sont proposés les programmes mémoire Mens-Sana. Il s’agit en fait d’introduire et d’associer des images ou des représentations mentales chargées d’un contenu émotionnel aux éléments que l’on désire mémoriser pour qu’ils prennent, selon l’expression que vous utilisons, une densité de représentation dans notre cerveau et puissent ainsi s’inscrire durablement dans notre mémoire.

Voici un exemple simplissime pour expliquer ce processus :

Imaginons que j’établisse une liste de courses à faire au marché : une botte de radis, des pommes, des tomates, des crevettes, un chou vert, des pommes de terre, etc. S’il existe des méthodes très simples pour mémoriser une liste, je vais renforcer la mémorisation de cette liste par des images de chacun des éléments. Une botte de radis ! je puis imaginer un souvenir de radis croquants, avec un petit pain beurré ou encore un extrait d’un film de De Funès commandant dans un restaurant trois étoiles un radis. En faisant cela, je donne de la densité mémorielle à mon radis, si l’on peut dire. Je puis répéter le même processus pour chaque élément de ma liste.

Sources : « L’incommensurable emprise de nos émotions » – Revue Le Recherche – Juin-Août 2020

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