Se rappeler le passé, est-ce important ? Assurément oui !
Se rappeler le passé, est-ce important ? Assurément oui ! Mais les raisons en sont diverses et variées. Cela peut dépendre de l’âge et de la valeur que l’on attache au passé. Cela peut répondre pour certains au goût d’une certaine nostalgie ou au plaisir de réactualiser les souvenirs pour en faire un élément de notre présent. Cela peut aussi dépendre de l’image que l’on a de soi puisque qu’une partie de notre identité vient de notre mémoire et en particulier de notre mémoire autobiographique. Cela peut être lié au besoin que nous éprouvons d’être assuré que nous possédons une bonne mémoire. Cela peut traduire parfois le plaisir que l’on partage lors de réunions de famille ou avec des amis de longue date lorsque sont évoqués les souvenirs vécus ensemble ou lorsque l’on apprend des épisodes de la vie des proches contigus à notre propre vie et qui, de par cette contiguïté, éclairent notre passé ou encore restaurent dans notre conscience des souvenirs que l’on avait oubliés.
Cela peut dépendre aussi de l’activité que l’on exerce en fonction de l’exigence de créativité qu’elle exige puisque nos ressources créatives dépendent directement de la richesse de notre mémoire. Et puis, c’est aussi grâce à notre mémoire du passé que nous nous forgeons une expérience de la vie, et que nous portons en nous, consciemment ou inconsciemment, des valeurs, des savoir-faire, des modes d’appréciation des choses qui nous guident dans les choix que nous impose le présent, … et cet inventaire n’est certainement pas complet. En réalité, se rappeler le passé, ce n’est pas vivre au passé, mais vivre au présent en réactualisant tout ce qui est constitutif du « Soi-même » que l’on est ici et maintenant.
Alors en quoi les cartes mentales peuvent-elles conduire au rappel du passé ?
Mais qu’est-ce qu’une carte mentale ?
Une carte mentale est une représentation graphique en 2 dimensions sous la forme d’un soleil avec des rayons qui partent en tous sens depuis le soleil. Et on peut ajouter l’équivalent d’une 3ème dimension par l’utilisation de la couleur et des dessins. Cette représentation sert à inventorier sans limites tous les aspects d’un sujet, d’un souvenir ou d’un projet. Voici l’ébauche d’une représentation donnée à titre de premier exemple sur le thème de l’AMOUR.
Allons plus loin avec le développement d’une carte mentale. Ce sera le second exemple de cette présentation.
L’acteur de notre exemple est un homme, mais il pourrait être une femme. Il se prénomme Fernand. Fernand est plongé dans les méandres de ses souvenirs. L’un de ces souvenirs, vieux de cinquante ans, est celui d’un déjeuner avec ses parents un dimanche de juillet à l’Auberge des Templiers, dans un village appelé Les Bézards, non loin de Montargis. Fernand a alors vingt ans. Fernand se rappelle des éléments disparates de ce déjeuner, mais simultanément, des souvenirs d’autres déjeuners se réveillent dans sa tête et s’installent en réminiscences désordonnées. C’est ce que Marcel Proust nomme dans À la recherche du temps perdu « les mémoires parallèles ». Ainsi lui reviennent en tête un autre déjeuner où il était invité par le président d’un quotidien régional où il venait de prendre ses fonctions, puis un dîner à la brasserie Vagenende à Paris en compagnie d’une amie, et de proche en proche d’autres souvenirs associés s’ajoutent aux déjeuners évoqués. Mais ces souvenirs évoquent d’autres sujets que les déjeuners proprement dit, tant notre mémoire nous ouvre des réseaux infinis d’évocations si nous l’explorons en profondeur. Ainsi lui reviennent en mémoire la voiture de sa jeunesse, une R8 jaune avec laquelle il était parti en vacances au Maroc, il se revoit au volant, frimant avec ses lunettes et ses gants de conduite, il revoit la fête qu’il organisa à la fin de ses études sanctionnées par la remise de son diplôme, et puis il fait un retour en mémoire sur un, non deux déjeuners professionnels avec l’agence de publicité RSC… Et cela ne s’arrête pas là.
Fernand décide alors de mettre sous forme de carte mentale le foisonnement de tous ces souvenirs. Il trace d’abord une ébauche succincte.
Puis, il prolonge chaque branche en les enrichissant des souvenirs qui s’associent en grappes jusqu’à remplir complètement sa feuille et il y ajoute parfois des images pour renforcer l’évocation.
La puissance d’évocation de cette carte mentale, c’est le fait qu’un mot, voire deux mots, dans une cellule évoquent à eux seuls un souvenir important et riche dans la mémoire de Fernand. Certes, ils nous sont peu compréhensibles pour nous, observateurs extérieurs qui ne connaissons pas le passé de Fernand. Ainsi par exemple, si nous nous fixons sur la cellule rose en bas à gauche marquée « Pêche au saumon », pour l’observateur extérieur que nous sommes, cela ne signifie rien de précis. Pour Fernand, c’est autre chose, c’est même une histoire entière : Fernand à la fin de ses études fit un stage d’été réservé aux étudiants pendant lequel il fut steward sur longs courriers Air France après une formation de courte durée. Sur une rotation Paris-Tokyo par Anchorage, l’escale pour le personnel naviguant à Anchorage durait cinq jours. Fernand était de ce voyage. Que faire pendant ces cinq jours ? la bonne entente du groupe du personnel navigant leur fit émettre le projet de se faire conduire par hydravion au cœur de la forêt alaskienne, dans un chalet équipé de bateaux, proche d’un fleuve où l’on pouvait pêcher le saumon, ce que fit le groupe. Les péripéties de cette pêche au saumon, et les suites de cette aventure pourraient faire l’objet d’un petit roman. Tout le contenu de ce souvenir est porté par une simple cellule rose marquée « Pêche au saumon ».
Fernand peut poursuivre ses évocations. Il lui suffit de choisir une cellule de sa carte mentale, de la placer au milieu d’une nouvelle feuille et de développer aussi abondamment les souvenirs associés à la cellule sélectionnée. Par la suite, Il peut choisir une autre cellule et recommencer, etc.
Ce qui vient d’être présenté n’est qu’une amorce des possibilités immenses qu’offre le support des cartes mentales. Leur utilisation constitue un thème important des programmes mémoire Mens-Sana.
Dessinez votre propre carte mentale à la recherche d’un souvenir ancien
Vous pouvez vous y essayer dès à présent en suivant le processus donné en exemple, ce qui vous conduira dans une exploration surprenante à travers les dédales de vos souvenirs.
Suggestion : Prenez une feuille de papier, tracez un cercle au centre et écrivez l’un des mots suivants de votre choix :
Promenade – Réunion de famille – Rencontre – Voyage en train – Plage – Ou un autre sujet qui vous agrée davantage.
Et construisez votre propre carte mentale à partir du sujet choisi. Si vous souhaitez vous rappeler, ou écrire un chapitre de votre vie, c’est une bonne pratique de commencer par l’établissement d’une carte mentale.
Le grand avantage des cartes mentales, c’est de vous permettre d’inventorier toutes les directions, donc tous les aspects d’un sujet ou d’un souvenir comme évoqué ci-dessus, ce que permet beaucoup moins le plan linéaire tel que : 1er chapitre, 2ème chapitre, 3ème chapitre, etc. parce que la construction linéaire vous enferme malgré vous dans une direction qui s’étroitise au fur et à mesure que vous l’approfondissez et vous fait ainsi oublier les autres aspects de votre sujet. Les cartes mentales, au contraire, permettent d’approfondir une branche qui concerne un aspect spécifique du sujet, puis de repartir sur un autre aspect à partir d’une autre branche, et ainsi de suite.
Bonne découverte !
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