Réussir l’amorce d’une intervention orale

Réussir l’amorce d’une intervention orale

L’amorce d’une intervention, d’un discours, d’une conférence conditionne d’emblée l’intérêt de l’auditoire ou encore la compréhension future de l’exposé.

On peut commencer par une anecdote :

« Hier soir, une policière a été violée en quittant son commissariat, … »

(Ségolène Royal ; débat Royal – Sarkozy du 2 mai 2007).

L’entrée abrupte dans le sujet, dans le concret :

« La bataille suprême est engagée… »

(Discours du Général De Gaule à la B.B.C. du 6 juin 1944)

Le paradoxe :

« Voilà un film qui parle de maladie, mais qui fait un bien fou. »

(Commentaire sur le film « La consultation », d’Hélène De Crécy).

Voici dix manières de construire le début d’une intervention pour « briser la glace (Ice breaking) » :

  1. L’anecdote
  2. La question
  3. L’entrée abrupte dans le sujet, dans le concret
  4. La définition
  5. Les chiffres
  6. Le paradoxe
  7. Le recours à l’image (comparaison, métaphore, analogie)
  8. La formule frappante
  9. La dramatisation
  10. L’invective, la dénonciation, la critique

Par Virginie de Thrédiac, directrice des programmes « Expression Orale

Deux orateurs brillants aux techniques différentes

Michel Serres et Edgar Morin comptent parmi les philosophes et orateurs de talent.

Ils maîtrisent l’art du « Parler sans papier ». Pourtant, dans deux conférences prononcées chacune par l’un d’entre eux, on pouvait observer deux techniques radicalement opposées.  

Michel Serres s’appuyait sur un texte très précisément écrit à la virgule près ; quant à Edgar Morin, il avait sur sa table de conférencier quatre feuilles de papier. On eût pu croire qu’elles portaient le texte de son exposé ou tout au moins des notes. Il n’en était rien. Les feuilles étaient blanches.!

Elles ne servaient à Edgar Morin qu’à tracer de temps à autre des traits horizontaux comme pour ponctuer sa pensée.

A chacun son style et sa manière.

Virginie de Thrédiac, directrice des programmes « Expression Orale »

Trois atouts pour bien s’exprimer : l’attitude, la clarté, et l’écoute

Notre aptitude à bien nous exprimer se trouve sollicitée en de nombreuses occasions : entretien individuel, négociation commerciale, intervention en réunion, exposé de synthèse ou présentation d’une requête, discours de motivation, prise de parole en public… Chaque situation requiert une préparation spécifique en fonction de l’objectif visé et du style personnel. Trois critères conditionnent le succès de ce que l’on veut exprimer : l’attitude, la clarté et l’écoute.
L’attitude : c’est ce qui étaie « l’autorité (1) » de celui qui s’exprime, ce qui fait qu’on l’écoute, ce qui donne confiance dans ses propos. Elle est la résultante de la gestuelle, du regard, de l’intonation, de l’assurance, de la maîtrise du trac, de la correction des tics verbaux, de l’empathie de l’orateur, de son enthousiasme et de son charisme ainsi que de la qualité de son articulation et du volume de sa voix.

 

La clarté : c’est ce qui garantit d’être parfaitement compris sans équivoque par ses auditeurs. Elle nécessite une vision claire du propos par l’orateur, des phrases courtes, un enchaînement logique des arguments, un vocabulaire précis et topique, une rigueur dans l’utilisation des figures de rhétorique, et, si possible, l’usage de formules imagées, évocatrices et honnêtes (2).

 

L’écoute : l’écoute de l’autre est essentielle pour celui qui s’exprime, surtout quand il a pour objet de convaincre son auditeur ou son auditoire.  Ecouter, c’est reconnaître l’autre. Reconnaître l’autre, c’est le placer dans la meilleure attitude qui soit pour qu’il vous écoute à son tour (3).

 

(1) L’autorité en expression orale n’est pas ce qui s’impose par la force ou la position sociale ou hiérarchique de l’orateur (une telle attitude est un défaut et se nomme argument d’autorité), mais au contraire ce qui s’impose de soi par la pertinence, la clarté et la conviction de l’orateur. Mieux, l’étymologie du mot « autorité » en remontant à sa racine indo-européenne « aweg = croître, puis accroître », évoque l’idée d’augmenter. L’autorité d’un orateur en ce sens, c’est celle qui « augmente » son auditoire, c’est-à-dire qui l’enrichit.

Virginie de Thrédiac, directrice des programmes « Expression Orale »

(2) Trouver une formule imagée dont la simplicité clarifie un sujet dont la compréhension est difficile constitue un art délicat qui s’acquiert avec l’expérience. Ainsi, imaginez que l’on vous demande d’expliquer clairement ce qu’est le déisme et ce qu’est le théisme. Dictionnaires, réflexions, consultation des écrits sur le sujet vous seraient peut-être nécessaires. Voici comment le philosophe Michel Onfray éclaire la distinction entre ces deux notions par deux formules lumineuses :  

« Déisme : Dieu existe et ne s’occupe de rien.

Théisme : Dieu existe et s’occupe de tout. »

(Michel Onfray, Université populaire de Caen,
France-Culture, Août 2004)

 

(3) Philippe Breton, spécialiste de l’argumentation en situation difficile déclare :

« Apprendre à parler est un ensemble de compétences dont la principale est celle de savoir écouter. »  

« Pour convaincre, il faut d’abord écouter. » C’est l’empathie cognitive.